mercredi 3 août 2011

Rencontre avec les chrétiens du village de Seikanian


Source : La Vie (Raphaëlle Autric - publié le 01/08/2011)

Pendant 15 jours, les membres de l'association "Fraternité en Irak" partent à la rencontre des minorités religieuses au Kurdistan, pour témoigner de leur soutien et distribuer des médicaments. Lavie.fr publie leur carnet de bord, au jour le jour...
Les rues de Kirkuk sont blanchies par le soleil de midi. La chaleur rend l’air trouble : il fait presque 50 degrés. Pour des raisons de sécurité nous ne sortons pas seuls. A l’intérieur, la climatisation tourne à plein régime tandis que dans la cour sont placés des générateurs gigantesques : les pannes de courant sont fréquentes.

Accompagnés du père Sliwa ("la croix" en chaldéen), nous allons visiter Seikanian. Ce petit village proche de Kirkuk sort de terre progressivement depuis un an. Le gouvernement a donné 10 000 dollars à cent familles pauvres de la ville pour venir s’y installer.

Le 12 juillet a été un jour historique, porteur d’espérance pour les Irakiens : la première église construite en Irak depuis 2003 y a été inaugurée. Autant dire que l’évènement est d’importance. Les chrétiens n’étaient pas seuls à s’en réjouir : de nombreux musulmans se sont joints à cette fête. Toute simple et toute bleue, la petite église se trouve au cœur du quartier. Nous y pénétrons, émus. L’évêque du Puy en Velay nous a confié une statue de la Vierge Noire. Mgr Sako viendra l’installer bientôt.

Le père Sliwa nous conduit ensuite dans sa paroisse. Dans un salon éclairé par la télévision, sa femme nous offre le thé. Dans les Eglises orientales catholiques, un homme marié peut devenir prêtre. Etonnante rencontre pour les Latins que nous sommes, que ce prêtre qui pose aux côtés de sa femme et nous parle de ses enfants. Pour le repas, des familles de la paroisse nous ont invités par groupes de deux ou trois.

Nous voici dans la famille de Sophia, 23 ans. Etudiante à Mossoul, elle se prépare à devenir ingénieur en électricité. Vêtue d’un tee-shirt à manches courtes et d’un jean, elle nous raconte qu’il "est impossible d’aller comme ça à la fac". Il faut impérativement que jambes et bras soient couverts. Dans la voiture qui l’emmène le matin, elle est obligée de porter un voile qu’elle retire en passant la porte de l’université. Ses professeurs lui parlent différemment parce qu’elle est chrétienne. "La vie à Mossoul est difficile, je ne me sens pas en sécurité". Et pour cause. Il y a quelques mois, des bus transportant des étudiants de Mossoul ont été pris pour cible. Deux jeunes ont trouvé la mort.

Pour l’heure, l’humeur est aux réjouissances. Sophia partira aux JMJ de Madrid dans quelques jours, avec une centaine de ses compatriotes. C’est la première fois qu’elle sort d’Irak. A l’idée de ce cette rencontre avec des jeunes de tous horizons, ses yeux s’illuminent. Nous sommes dans le salon depuis un long moment. On rit, on danse, on mange, on boit. La maîtresse de maison nous reçoit comme ses enfants. Soudain des cris de joie. Que se passe-t-il ? Le courant est revenu, la climatisation vient de se remettre en marche…

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