mardi 16 août 2011

A la découverte du père Gabriel, l’ange de Ninive


Hubert Veauvy & Hubert Montfort - LA VIE

Après la rencontre avec les familles chrétiennes des villages montagnards du Kurdistan, le pépiple de l'association Fraternité en Irak se poursuit au monastère Saint Marie d'Al-Quosh, près de Mossoul.

Al-Quosh : nous arrivons dans ce petit village chrétien au milieu d’une immense plaine jaunie par le soleil, non loin des rives du Tigre. Parfait pour les amoureux de vieilles pierres, le monastère Sainte Marie d’Al-Quosh, à une courte distance de Mossoul, est l’un des grands centres spirituels chaldéens. Vigiles armés de kalachnikov autour de ce fort Alamo à la sauce moyen-orientale, cour intérieure, murs ocres et vieilles portes de garde en bois : ce monastère ressemble plus à une hacienda mexicaine du 19e siècle qu’à une abbaye occidentale.

Au dessus de nous, à 2 km, juché sur une barre rocheuse, fondé au 7e siècle après JC, le sanctuaire de Saint Hormizd veille sur la plaine de Ninive. C’est l’un des premiers lieux de présence chrétienne en Orient. Il a résisté à toutes les invasions, des Mongols aux Ottomans, en passant par les Arabes. Aujourd’hui les moines sont redescendus dans la plaine, y trouvant plus d’espace et de tranquillité.
Pour autant, le nouveau couvent reste cette forteresse de savoir et de foi, garante des traditions de l’Eglise orientale. C’est dans ce lieu hors du temps que nous vivons, l’espace de deux jours, une sorte de retraite reposante au milieu de notre voyage.

Silhouette allongée, cigarette au bec, lunettes carrées, portable vissé à l’oreille et humour ravageur, voici le Père Gabriel à la tête de cette abbaye de huit moines. Cet abbé hors du commun est un équilibre subtil entre l’amateur de belles antiquités – italiophone ayant vécu 10 ans à Rome, il nous dévoile quantité de pierres sculptées, icônes et vieilles armes – et le prieur d’un courage et d’une foi à toute épreuve. Tout le monde le connaît et l’apprécie dans la région, y compris les Yazidis, adeptes d’une religion mystérieuse, que nous sommes allés rencontrer un soir.

Sous sa houlette bienveillante, nous sommes donc allés rendre visite à plusieurs familles des alentours, le tout à une cadence rapide : le padre Gabriel est plutôt du genre pressé et ne s’attarde jamais longtemps au même endroit. Au bout d’une vingtaine de minutes d’entretien, nous avons en général le plaisir d’entendre un sonore et catégorique "andiamo" : c’est le signal pour nous de remonter à bord du pick-up du monastère pour aller à la découverte d’autres amis. Car il connaît tout le monde !

C’est avec lui également que nous découvrons une tradition bien ancrée chez ces prêtres aux nerfs solides, habitués à l’humour grinçant : les blagues ecclésiastiques. Il nourrit une affection particulière pour les évangéliques américains… A ceux d’entre eux qui tentent de rallier les chaldéens, héritiers d’une foi bimillénaire, à leurs Eglises, il conseille plutôt d’aller jouer les cow-boys en Amérique du sud ou d’annoncer le Christ aux musulmans… "Evangéliser un chaldéen, c’est comme apprendre à un Italien à peindre ou apprendre à un Français à jouer du piano...".

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