mardi 16 août 2011

A Kirkuk, les chrétiens persécutés veulent promouvoir le dialogue interreligieux


Benoît S - LA VIE

Pendant 15 jours, les membres de l'association "Fraternité en Irak" partent à la rencontre des minorités religieuses au Kurdistan, pour témoigner de leur soutien et distrubuer des médicaments, avec l'appui de Mgr Sako, archevêque de Kirkuk. Au jour le jour, lavie.fr publie le récit de leur voyage et de leur action, au fil de leurs rencontres.

"Le plus beau pour moi depuis que je suis évêque à Kirkuk c’est d’aller à la rencontre des communautés musulmanes, pour initier un dialogue" nous explique Mgr Sako. Le 31 mai 2011, peu de temps après un attentat important et des enlèvements dont celui d’un chrétien qui a été retrouvé assassiné, tous les représentants musulmans de la ville se sont rassemblés dans la cathédrale à l’invitation de l'évêque.

L’objet de cette rencontre était de demander tous ensemble à la Vierge Marie de donner la paix à Kirkuk. Nous sommes très impressionnés par cette rencontre porteuse d’espérance pour les minorités religieuses du Proche-Orient. Au fil des discussions nous comprenons qu’il existe à Kirkuk de vrais échanges avec les représentants musulmans et même une relation d’amitié.

Pour Mgr Sako, il s’agit aussi d’inviter les musulmans à réfléchir sur le Coran, à "amorcer une exégèse, à dialoguer sur les fondements de notre foi respective […] Les chrétiens doivent découvrir la dimension missionnaire de leur présence dans les pays musulmans. Nous devons promouvoir le dialogue interreligieux sur la base des identités diverses, en établissant une relation fondée sur une compréhension mutuelle. Nous voulons croire en l’espérance, malgré les désillusions et de nombreuses difficultés".

Hier, l’évêque a remis à l’hôpital central de Kirkuk les 300 kg de médicaments que nous lui avons apportés. Il souhaite que ces médicaments soient mis à disposition de tout le monde, spécialement les personnes pauvres, sans distinction d’appartenance religieuse. Ce geste de partage à l’égard des autres communautés de Kirkuk, à la veille du Ramadan, est un beau symbole. Quelle joie immense pour nous de savoir que ces médicaments (antibiotiques, anti-hypertenseurs et traitements contre l’asthme) difficiles à financer, pourraient être donnés dans une perspective aussi belle : soigner et contribuer à approfondir l’amitié entre les communautés de Kirkuk. Et comment aurions-nous pu imaginer l’écho de cet événement : une vingtaine de chaines de télévision ont fait le déplacement…  Ce dialogue avec les représentants musulmans nous impressionne : peut-être y a-t-il là des leçons à tirer pour faciliter nos rapports avec l’islam en France notamment après les récentes polémiques ?

A Kirkuk nous avons aussi rencontré une représentante de la communauté des Mandéens - des disciples méconnus de Saint Jean-Baptiste. Persécutés eux aussi, ils se sont pour certains réfugiés à Kirkuk. L’avenir de cette communauté étonnante et mystérieuse se joue actuellement en Irak. Le rôle que les chrétiens du pays jouent pour les aider est émouvant : des persécutés aident d’autres persécutés, gratuitement. La générosité des uns envers les autres, dans un contexte encore complexe, et malgré les différences, est un exemple. Dans une ville comme Kirkuk, où les tensions restent palpables, ces initiatives ouvrent une voie salutaire pour l’avenir du dialogue interreligieux.

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