mardi 16 août 2011

Cris de joie dans les montagnes du Kurdistan


Raphaëlle Autric - LA VIE

Les membres de l'association Fraternité en Irak, partis à la rencontre des chrétiens persécutés du Kurdistan, poursuivent leur périple à Enshkey, un petit village montagnard où ils ont assisté à la cérémonie de communion de 20 jeunes Irakiens.

Nous quittons la plaine pour les montagnes du Kurdistan. Un vent de sable fait ployer les arbres. La nature devient plus verte, nous perdons quelques degrés. A flanc de colline, nous retrouvons Mgr Rabban, évêque chaldéen, dans le petit village de Komani, à majorité chrétienne. Dans la cour de l’évêché, plusieurs enfants sont assis en rond et récitent quelque chose en araméen, sous le regard attentif d’une jeune catéchiste. Ici, les chrétiens parlent encore la langue de Jésus. Demain est un jour important pour eux puisque une vingtaine d’enfants feront leur première communion dans l’église du village d’Enshkey, à quelques kilomètres de là.

Le lendemain, nous arrivons juste à l’heure. Les communiants sont vêtus de blanc, garçon d’un côté, filles de l’autre, l’évêque derrière. Devant, un enfant de cœur aux yeux noirs porte une grande croix. Ils attendent de rentrer dans l’église. Cette dernière est minuscule. Les autres enfants, nombreux, sont placés à l’extérieur sur des petits bancs. Le curé de la paroisse nous dira à la sortie qu’il a demandé aux familles de ne pas venir au complet, faute de place. A l’intérieur, la climatisation refroidit l’air tant bien que mal et les ventilateurs ronronnent. Le piano électrique est lancé, les enfants entrent cérémonieusement et se placent dans le chœur, chantant à plein poumon des refrains qu’ils connaissent sur le bout des doigts. Les petites filles portent des voiles bordés d’un liseré rouge. L’évêque célèbre la messe, assisté par le curé du village, le père Samir Yousif. Au moment de la communion, un homme passe dans les rangs pour distribuer des mantilles en dentelles blanches aux femmes qui n’ont pas la tête couverte.

Nous voici désormais incognito parmi les fidèles. La cérémonie est émouvante. A ma gauche une vieille femme pleure. Sans doute son petit-fils ou sa petite-fille fait partie des enfants de blanc vêtus. Sans doute est-elle émue de voir se transmettre de génération en génération la foi de ses ancêtres. Ainsi depuis 2000 ans chez ce peuple assyrien. Les enfants s’approchent de l’autel l’un après l’autre, entourés de leurs parents, et communient pour la première fois. La messe touche à sa fin. Les youyous des femmes éclatent comme autant de cris de joie saisissants. Avant de sortir de la petite église, les jeunes viennent entourer leur évêque pour une photo de groupe. Les petits regards bleus se figent pour toujours.

Dehors ont été dressées plusieurs tables. Sous la chaleur, les chocolats fondent à vue d’œil. Nous sommes embrassés autant que les petits enfants. Les gens sont curieux de nous, nous proposent à boire, nous posent des questions. La fête dure jusqu’au soir. Nous voici chez une famille qui a réuni pour l’occasion voisins et amis. La petite communiante, toujours en habit blanc, trône dans un large fauteuil, au centre des invités. Les hommes préparent la viande. Les femmes nous font entrer dans leur danse, les enfants gesticulent au milieu. Ce soir, sous les étoiles d’Enshkey, nous ne voyons que les sourires de nos hôtes. Ce soir, la joie et les rires prennent toute la place.

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